UN MOMENT DE RAPPROCHEMENT ET DE RÉJOUISSANCE AU MUSÉE DE SAINT-BONIFACE

Publié le 05 juillet 2023

Une visite à pied du Musée de Saint-Boniface offre l’occasion de se rapprocher de son patrimoine métis et franco-manitobain et d’en être fier. Peut-être même que cette visite vous incitera à entreprendre votre propre voyage de découverte et de guérison en cette période de réconciliation.

Lorsque j’ai appelé ma mère et ma mémère pour planifier notre visite du Musée, nous n’avions aucune idée qu’il s’agirait d’un moment si important pour nous et notre famille.

Une visite au Manitoba signifie traverser les territoires visés par les Traités nos 1, 2, 3, 4 et 5 et les communautés signataires des traités nos 6 et 10. Ces territoires englobent les terres d’origine des Anishinaabeg, des Anish-Ininiwak, des Dakota, des Dénés, des Ininiwak et des Nehethowuk et la patrie des Métis. Pour en savoir plus sur les régions visées par des traités au Manitoba, cliquez ici.

Le bâtiment le plus ancien de Winnipeg

Le Musée de Saint-Boniface a ouvert ses portes au public en 1967. Le couvent original des Sœurs Grises a accueilli de nombreuses personnes depuis plus de 100 ans et il a servi à de nombreuses fins. Il a notamment été le premier hôpital, orphelinat et foyer pour personnes âgées de l’Ouest canadien.


Le bâtiment à proprement parler est fascinant, comme en témoignent tout le travail et le savoir-faire qui ont été nécessaires à sa construction (1846-1851). Il a été conçu selon la méthode de construction de la rivière Rouge (languettes et rainures), ce qui signifie qu’il tient sans clous. La rivière Rouge a servi à transporter le bois jusqu’à Saint-Boniface depuis le sud de la frontière. Ce qui m’a surtout fascinée, c’est d’apprendre que ce bâtiment est le plus ancien de Winnipeg et devinez quoi... l’un de mes arrière-arrière-arrière-grands-pères, Amable Nault, a été le contremaître qui a participé à sa construction!

À notre arrivée sur le terrain du Musée, nous sommes accueillies par nos guides, Julie-Ann et Nathan, qui nous remettent des parapluies pour nous protéger du soleil, et c’est ainsi que débute notre visite à pied. La marche des souliers mous est l’une des trois visites guidées proposées par le Musée cet été.

Visites à pied – La marche des souliers mous

Axée sur les Métis « de la rivière Rouge », cette visite raconte les histoires qui nous permettent de mieux comprendre les Métis, de célébrer leur histoire et d’être solidaires avec eux. Depuis le célèbre MacDoug, l’infatigable conducteur de traversier jusqu’à Elzéar Goulet et son tragique sort. Depuis l’autogouvernance des grandes chasses au bison jusqu’à l’esprit d’entreprise de quelques meuniers dévoués. Cette visite révèle des histoires qui mettent en évidence la complexité et la résilience de la Nation métisse.


Comme j’avais effectué mes propres recherches avant notre visite, je croyais bien connaître l’histoire de la « naissance » de la Nation des Métis, de la colonie de la rivière Rouge et de la résistance de la rivière Rouge. J’étais encore plus enthousiaste à l’idée de découvrir cette histoire à travers les yeux de mes matriarches. Fidèles à elles-mêmes, ne laissant rien paraître dans leurs expressions faciales, elles écoutaient attentivement nos guides.

Nous en apprenons davantage sur la grande inondation de la rivière Rouge survenue en 1950 et sur ses effets dévastateurs pour les habitants du sud du Manitoba et ses répercussions pour le cimetière situé sur le terrain de la cathédrale. Nos guides nous expliquent comment les pierres tombales ont été utilisées pour renforcer la digue destinée à protéger Saint-Boniface et nous révèlent la raison d’être des deux pierres tombales d’Ambroise Lépine situées à l’extrémité nord et à l’extrémité sud du cimetière.

Alors que nous nous dirigeons vers le secteur nord du cimetière, je constate que nous approchons de la tombe de la famille Lagimodière. La tombe de nos ancêtres. Mary-Anne Gaboury et son mari, Jean-Baptiste Lagimodière, sont deux personnes remarquables qui ont contribué à la croissance et à l’expansion de la communauté de Saint-Boniface. Grand voyageur, Jean-Baptiste se rendait régulièrement dans l’Ouest pour y faire le commerce des fourrures. Mary-Anne Gaboury a été la première femme d’origine européenne à se rendre dans ce qui est aujourd’hui l’Ouest canadien et à s’y établir. Ce sont les grands-parents du fondateur du Manitoba, Louis Riel.

Notre visite à pied se termine au Jardin du patrimoine de Saint-Boniface, situé à l’angle de l’avenue Taché et de l’avenue de la Cathédrale, en face de la cathédrale de Saint-Boniface et de son cimetière historique. Officiellement ouvert en juin 2018, ce jardin se veut un monument visant à reconnaître et à honorer la Nation métisse. C’est ici que Julie-Ann et Nathan mettent fin à notre visite en racontant la belle histoire d’un enlèvement mis en scène à titre de tentative désespérée de garder la très aimée et influente sœur Thérèse au sein de la colonie de la rivière Rouge.

Musée de Saint-Boniface

Après une visite guidée riche en anecdotes, nous nous dirigeons vers le Musée pour y faire une visite autoguidée qui nous révèle des artéfacts familiaux datant de plus de 100 ans. Dès notre entrée dans le bâtiment, nous entendons les planchers craquer au-dessus et au-dessous de nous. Il est étonnant de penser qu’après 170 ans, ils tiennent encore... « On ne les fait plus comme ça! » disait mon père.

Depuis les magnifiques ceintures fléchées métisses jusqu’aux motifs de fleurs colorées perlées à la main sur des habits, en passant par le premier cercueil de Louis Riel... il y a tant à voir dans ce musée. Ses collections comptent quelque 30 000 artéfacts, répartis dans quatre grandes catégories : histoire, ethnologie, archives et beaux-arts. Seuls 10 % de la collection se trouvent dans le bâtiment du Musée; les 90 % restants sont conservés dans deux entrepôts distincts. Vous pouvez donc être assuré que le personnel travaille toujours à la création de nouvelles expositions pour mettre en valeur l’histoire des Franco-Manitobains et des Métis.

La Cabane Casse-Croûte

Aucune sortie ne saurait être complète sans une petite gâterie. Après avoir obtenu un A+ en répondant correctement à une question, ma mère a pu faire tourner la roue et gagner une friandise ou une boisson de son choix à La Cabane Casse-Croûte. Cette cabane regorgeait de délicieuses friandises locales. « Hé, je me souviens de ça! » dit maman en pointant du doigt les sacs de bonbons Nutty Club. Voilà la manière parfaite de terminer l’après-midi en beauté!

Que vous ayez ou non déjà visité le Musée de Saint-Boniface, vous apprendrez quelque chose de nouveau, c’est garanti. Il y a toujours plus à voir et d’innombrables histoires à découvrir. J’en suis repartie plus fière de qui je suis et d’où je viens. Ce qui est encore mieux, c’est que les femmes fortes qui font partie de ma vie sont également reparties fortes d’un sentiment d’appartenance et d’un enthousiasme à l’égard de l’histoire de notre famille. « J’ai adoré. Cette visite a vraiment éveillé mon intérêt! », déclare ma mère alors que nous regagnons la voiture. Mission accomplie.

Le personnel de Voyage Manitoba a été accueilli par le Musée de Saint-Boniface, qui n’a pas revu ou approuvé cet article.