Une soirée magique à Saint-Boniface

Publié le 07 décembre 2023

Les fêtes de fin d’année approchent, les décorations de Noël s’installent petit à petit, et notre envie de partager des moments de convivialité grandit. Nous sommes toujours à la recherche de lieux et de moments magiques en cette période de l’année. Venez découvrir avec moi le quartier de Saint-Boniface à Winnipeg. La communauté franco-manitobaine nous accueille autant par les papilles, avec ses nombreux restaurants, dont InFerno's et sa carte culinaire délicieuse et variée, que par le divertissement grâce à un moment artistique unique au Théâtre Cercle Molière.

Les bonnes adresses culinaires de Saint-Boniface

Ma soirée hivernale dans le quartier de Saint-Boniface va commencer par un bon souper! Les choix de restaurants sont nombreux dans le quartier francophone de Winnipeg.

Je vous conseille d’aller faire un tour sur le boulevard Provencher pour essayer les restaurants Singyun et le Chaise Café & Lounge. Et pour finir le repas ou déguster une bonne pâtisserie, le Café Postal est un incontournable.

De très bonnes adresses culinaires abondent également sur la rue Marion, avec les restaurants Nola et Boun's. J’aime aussi particulièrement les brunchs du Wood Tavern et de Chez Pauline, un peu plus loin sur la même rue. Les œufs bénédictine y sont incroyables!

Mais en cette soirée de fin novembre, je décide d'essayer un restaurant que la communauté m’a souvent conseillé : le bistro InFerno’s.

Le bistro InFerno’s : une histoire de famille

C’est en décembre 2003 que le chef francophone Fern Kirouac ouvre le bistro InFerno’s sur la rue Des Meurons, à Saint-Boniface. Vingt ans plus tard, InFerno’s est devenu l'un des restaurants les plus populaires de la ville.

L’histoire remonte toutefois bien plus loin que 2003. Tout commence dans les années 1970 quand le père de Fern Kirouac, le chef cuisinier français Fern Kirouac Sr., travaillait dans plusieurs restaurants de Saint-Boniface, dont le Red Lantern et La Vieille Gare. C’est dans ce restaurant familial que Fern Kirouac Jr. a appris l’art de la cuisine auprès de son père.

En ouvrant le bistro InFerno’s en 2003, il voulait reprendre le flambeau culinaire de la famille et transmettre l’art de la cuisine à ses deux enfants, Chris et Zack. Ils sont aujourd’hui tous les deux cuisiniers, comme leur père et leur grand-père avant eux.

Des plats variés…

Me voilà donc installé dans une belle salle de restaurant, à l’étage du bistro InFerno’s. La décoration est épurée, et on s’y sent tout simplement bien! Le menu rappelle celui des restaurants français, avec des spécialités venues tout droit d’outre-Atlantique.

J’ai le choix entre les moules frites, les cuisses de grenouilles Buffalo, la viande de canard, un bon steak tartare, et bien d’autres options aux noms plus appétissants les uns que les autres. Je décide de prendre les escargots, suivis d’un plat de confit de canard accompagné de frites. Je suis originaire de la France, alors je n’ai pas pu m’en empêcher! (rires)

… et une cuisine équilibrée

Mon verdict? Les plats étaient très bien présentés. On sent que les cuisiniers apportent un grand soin à l’aspect visuel.

Mais rassurez-vous, le goût et les saveurs était également là. C’était délicieux! Les escargots étaient accompagnés d’un jus de champignons au brandy garni d'asiago. Le confit de canard était parfaitement cuit. La viande était moelleuse. Je vous conseille vraiment de l’essayer. Elle est raffinée et goûteuse.

Pour un prix abordable, le bistro InFerno’s m’a proposé une très bonne cuisine. J’y retournerai avec grand plaisir.

La culture au cœur du quartier de Saint-Boniface

Le quartier francophone de Winnipeg regorge de lieux culturels. On peut admirer les expositions du Centre culturel franco-manitobain, visiter le Musée de Saint-Boniface, ou encore s’arrêter à la librairie À La Page sur le boulevard Provencher.

L’été, les artisans vendent leurs produits au marché de Saint-Boniface, et vous pouvez écouter des concerts au Patio 340 ou encore louer un vélo à la Coop Vélo-Cité.

Mais aujourd’hui, avec la neige qui recouvre les rues de Saint-Boniface, c’est dans un lieu rempli d’histoires et de partages que je décide de rejoindre des amis : le Théâtre Cercle Molière.

Une programmation riche

Situé sur le boulevard Provencher, le Théâtre Cercle Molière (TCM) propose tout au long de l’année des pièces de théâtre, des spectacles et des ateliers artistiques.

Fondé en 1925, le TCM est le doyen des compagnies de théâtre canadiennes, toutes langues confondues. La culture franco-manitobaine y est souvent mise à l’honneur. Dans son histoire, ce sont plus de 70 pièces d’auteurs franco-manitobains qui ont été présentées sur scène. Pas pire, non?

J’ai moi-même rarement été déçu par la qualité de la programmation au TCM. Bien sûr, l’art est une question de goût. C’est subjectif. Moi-même, il y a des pièces de théâtre qui m’ont beaucoup plus touché que d’autres, mais j’ai toujours été admiratif de la qualité de la production artistique de la compagnie. À chaque représentation, on sent qu’il y a eu un grand travail dans la conception des décors, dans la mise en scène, et dans l’interprétation des rôles.

Ressortir grandi

Après un bon restaurant, j’ai donc le plaisir d’assister à la première représentation au TCM de la pièce Palucheur. Une pièce forte et audacieuse dans sa forme, qui nous fait suivre une série de conversations téléphoniques entre deux hommes habités par le désir, dans un San Francisco plongé dans les premiers ravages du sida, en 1985. Le Théâtre Cercle Molière n’a jamais lésiné à aborder des histoires fortes, celles qui font réfléchir, celles qui restent. Voilà peut-être la plus grande qualité de sa programmation : inciter à la réflexion.

Une histoire individuelle pour un message universel

Le contexte de la pièce Palucheur nous ramène dans un temps révolu. Aujourd’hui, le sida n’a plus le même impact sur les consciences. Il n’est plus aussi caché, craint et incompris dans notre société.

Mais finalement, ce sont les deux personnages principaux de la pièce qui la rendent tout de même profondément belle et actuelle. On assiste avant tout à la rencontre entre deux hommes liés par le désir. Ils se découvrent, commencent à s’aimer, et attendent impatiemment le prochain appel téléphonique. Mais surtout, ils apprennent à s’écouter et à se comprendre, malgré leurs différences. Une situation et un apprentissage de la tolérance qui voyagent beaucoup plus loin que le San Francisco de 1985.

La pièce Palucheur est un rappel vivant que des tragédies individuelles, des vies ordinaires marquées par l'homosexualité et le sida, peuvent véhiculer un message universel.

À noter que la pièce est interdite aux moins de 18 ans. Elle restera sur scène jusqu’au 9 décembre.