Moments hallucinants de mon safari d’été à Churchill

Publié le 11 août 2017 | Auteur Jillian Recksiedler

« Bienvenue à Churchill. Vous avez deux choix : soit vous pigez, et je n’aurai pas besoin de tout vous expliquer, soit vous ne comprenez pas, et je ne me donnerai pas la peine de vous expliquer. »

Polar bear on layered rocks: Majestic Arctic beauty against a rugged backdrop, symbolizing resilience and strength.

Jason, notre guide de Lazy Bear Expeditions – un photographe de la faune arborant une barbiche et un teint basané par le soleil et le vent – est direct et sympathique et détermine nos attentes à l’égard de notre visite dans ce minuscule village subarctique. Nous venons d’atterrir, un groupe de 14 Américains (y compris une famille de cinq personnes de l’Iowa), quatre Anglais, quatre personnes du Sud de l’Ontario et moi, la seule Manitobaine. Nous ne nous connaissons pas (encore), mais nous jubilons tous d’impatience à l’idée de ce que les quatre jours à venir vont nous apporter.

Churchill a une réputation mystique bien connue dans le monde entier, ce qui est surprenant pour une petite ville de campagne isolée sur les rives de la baie d’Hudson, à près de 1 000 km des régions habitées du sud du Manitoba. Mes compagnons sont des aventuriers qui ont voyagé à Bornéo pour voir les orangs-outans, traversé la Patagonie et navigué en Antarctique. Je déborde de fierté à l’idée que mon humble province de résidence fait bonne figure parmi ces destinations exotiques.

Incontournable. Transformateur. Bouleversant. Révélateur. Quel que soit le mot que vous utilisez pour décrire le voyage, Churchill laisse une empreinte.

La philosophie de « montrer au lieu d’expliquer » de Jason s’est révélée efficace. Chaque jour de notre aventure estivale en Arctique, Lazy Bear Expeditions nous a offert des moments hallucinants.

Moment hallucinant no 6
Le confort douillet

L’esthétisme rustique de notre cabane en bois rond est exactement ce que j’imaginais d’un séjour dans une ville du Grand Nord. Construit à la main par le fondateur et résident de longue date Wally Daudrich dans les années 90 (et dirigé par un réseau étroit d’employés spécialisés), Lazy Bear Lodge a une ambiance très familiale, une qualité conviviale typique du Manitoba. Les liens que j’ai tissés avec les autres voyageurs sont l’aspect que j’ai aimé le plus de mon séjour au gîte, que ce soit le matin en sirotant un cappuccino au café, ou après une excursion venteuse en bateau en échangeant des histoires et des photos dans le salon au coin du feu.

Moment hallucinant no 5
La palette de couleurs de la région subarctique

Hormis sa réputation relative à la faune, Churchill en été m’a captivée par ses paysages merveilleux, sa luminosité hypnotisante et sa palette de couleurs saisissante. La visite de la ville et des environs offerte par Lazy Bear Expeditions est essentielle pour découvrir le secret géographique de l’attrait de la ville : elle se trouve au carrefour de trois écozones, où la forêt boréale (taïga) rencontre la toundra et la vie marine de la baie d’Hudson. Pendant ma visite en août, les fleurs sauvages étaient épanouies et je me suis mise à photographier frénétiquement l’épilobe fuchsia çà et là dans les crevasses de la grauwacke décorée de lichen orange feu. Bien sûr, le ciel bleu légendaire du Manitoba était une toile de fond parfaite.

Moment hallucinant no 4
Un cours d’histoire en plein air

Plus je vieillis, plus j’aime découvrir l’histoire des destinations où je voyage. Churchill est une composante particulièrement intéressante de l’histoire du Canada, et Lazy Bear Expeditions s’assure de vous la faire découvrir en emmenant les clients en excursion remarquable en bateau sur le fleuve Churchill, jusqu’au Fort Prince-de-Galles, un lieu historique national de Parcs Canada. Nous avons été accueillis par Samuel Hearne, un explorateur et naturaliste britannique du 18e siècle qui était bien connu dans la région. Hearne raconte des récits personnels amusants sur la vie dans un fort de traite de fourrures du nord, mais par-dessus tout, il met en contexte l’identité passée et actuelle de Churchill.

Jusqu’à 58 000 bélugas entrent dans l’ouest de la baie d’Hudson et les estuaires nord du fleuve chaque année en juillet pour se nourrir de capelan.

Moment hallucinant no 3
Des bélugas partout!

Il faut absolument faire une excursion sur l’eau à Churchill pour se lier d’amitié avec les milliers de mammifères blancs qui pénètrent dans les estuaires nord du fleuve en été pour s’alimenter et mettre bas. Pendant ma visite du fleuve Churchill en Zodiac, j’aurais voulu que mon cou puisse faire des rotations de 360 degrés pour ne rien manquer des nombreuses baleines faisant surface. L’action était constante, et lorsque je ne les voyais pas, je pouvais au moins entendre leur souffle à la surface.

Une autre journée, nous avons embarqué à bord du navire conçu sur mesure de Lazy Bear, le Sam Hearne, pour une excursion d’une journée jusqu’à la baie d’Hudson (et en théorie jusque dans les eaux du Nunavut, signale le capitaine Wally). Les bélugas se sont faits plus nombreux dans la baie – des bancs de beaux mâles et de jeunes mères reconnaissables aux baleineaux gris à leurs côtés. La barrière du bateau a été descendue, afin de nous permettre de nous avancer à plat ventre pour nous rapprocher des baleines enjouées au niveau de l’eau. À l’approche de midi, nous avons sorti nos dîners et mangé avec les bélugas, qui se régalaient de toute évidence eux aussi de leur propre festin de poisson.

Moment hallucinant no 2
Le règne animal

Notre excursion le long de la côte à bord du navire Sam Hearne a répondu à la question que tout le monde se posait : « Quand allons-nous voir un ours polaire? » L’été n’est pas la saison optimale pour l’observation des ours. Habituellement, après avoir passé sept mois sur les glaces à chasser le phoque, les ours sont somnolents et discrets. Toutefois, à peine quelques minutes après notre entrée dans la baie, nos guides ont repéré une magnifique ourse étincelante de blancheur en train de prendre du soleil sur les rochers. À mesure que nous nous sommes rapprochés du rivage pour l’observer de plus près, deux oursons ont surgi de derrière les rochers. Nous nous sommes arrêtés net, subjugués par leurs moindres gestes, prenant des photos, posant des questions et apprenant des principes de biologie sur les ours. Au bout de 10 minutes, nous les avons poliment quittés et avons continué notre chemin pour aller dîner avec les bélugas (voir le no 3).

Quelques heures plus tard, pendant le trajet du retour à Churchill, nous avons décidé de scruter le rivage en quête des trois ours. Nous les avons découverts en train de sortir de l’eau, courant en direction d’un objet blanc sur le littoral. Les ours venaient de découvrir une carcasse de béluga qui s’était échouée sur la côte (le béluga avait probablement été tué par un chasseur inuit, selon les marques de coupure, fait remarquer le capitaine Wally). La maman ourse et ses oursons se sont gavés grassement, un rare plaisir d’été, saison où les ours polaires jeûnent habituellement. Soudainement, on se serait cru dans un épisode de Wild Planet; nos expériences de la journée avec la faune, à observer des ours et des bélugas dans leur habitat naturel, étaient complètes. Nous avons vu la nature à l’état brut, et c’était formidable.

Une ourse polaire avec ses deux oursons de huit mois en train de flâner sur la rive de la baie d’Hudson près de Churchill.

Moment hallucinant no 1
Voyez par vous-même.

Jillian Recksiedler, Travel Manitoba

À propos de l’auteur

Le fait d’avoir grandi en milieu rural dans les années 1980 explique mon penchant pour les excursions, les « vraies » cartes en papier et les couchers de soleil sur les prairies. Je ne me lasse jamais d’explorer mon coin de pays.

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