Lise Gaboury-Diallo : à la visite de serpents et de désert

Publié le 03 août 2022

Le Manitoba regorge d’attractions qu’on ne pensait pas forcément trouver au milieu du Canada. C’est pourtant le cas de deux lieux originaux : le désert de Spirit Sands et le parc à serpents de Narcisse, qui sont visités depuis des années par Lise Gaboury-Diallo, autrice manitobaine de poésie, de nouvelles et de pièces de théâtre.

Professeure titulaire au département d’études françaises, de langues et de littérature à l’Université de Saint-Boniface, Lise Gaboury-Diallo est une Franco-Manitobaine ambassadrice de la littérature francophone dans l’Ouest du Canada. Elle nous parle de son affection pour ces deux lieux étonnants:

« J’ai découvert ces deux endroits magnifiques, il y a près de 25 ans. J’ai grandi à Winnipeg durant une grande partie de ma jeunesse. Après avoir étudié en France, à l’Université de Paris IV Sorbonne, je suis revenue au Manitoba et j’ai commencé à découvrir la nature de la province avec mon mari et mes enfants. C’est dans ces circonstances que j’ai visité les tanières à serpents de Narcisse et le désert de sable de Spirit Sands, au Manitoba. »

Narcisse, un village habité par des serpents

Au nord de Winnipeg, à environ une heure de route, se trouve un village et un parc remplis de locataires étonnants : des couleuvres à raies rouges, aussi appelées serpents-jarretières. À partir du mois d’avril, près de 70 000 couleuvres sortent de leurs grottes de calcaire, après une longue période d’hibernation, pour aller s’accoupler par milliers.

Lise Gaboury-Diallo nous raconte ce phénomène extraordinaire : « C’est un lieu spécial qui attire chaque année beaucoup de touristes du monde entier. Les couleuvres sortent de leurs fosses à Narcisse pour assurer la survie de l’espèce avant même de penser à se nourrir. C’est pourquoi les gens les appellent les couleuvres de Narcisse, car c’est un endroit parfait pour l’hibernation des serpents, avec la présence de nombreuses fosses et tanières. »

« À la fin de l’hibernation, aux mois d’avril et mai, chaque femelle est assaillie par des centaines de mâles. Même si les prétendants sont nombreux, il n’y qu’un seul mâle qui peut réussir à s’accoupler à une femelle. »

Un phénomène à voir au printemps… et à la fin de l’été

Les rituels d’accouplement peuvent être vus au printemps, près du village de Narcisse, mais si vous manquez l’occasion, l’automne peut vous permettre de revoir les couleuvres de narcisses : « Il y a beaucoup à voir durant les mois d’août et de septembre, quand les couleuvres retournent dans les fosses pour ensuite commencer leur période d’hibernation, explique Lise Gaboury-Diallo. J’ai connu Narcisse et ses serpents avec mon mari, Ibrahima Diallo. Dans les années 1990, les couleuvres étaient en liberté et beaucoup n’arrivaient pas à survivre. Au fil des années, des infrastructures se sont construites pour protéger les serpents, des routes notamment. Maintenant, c’est devenu un parc que l’on peut visiter, en faisant un pique-nique par exemple. C’est un endroit que j’aime beaucoup et qui est atypique, on ne voit pas cela tous les jours. Ça allie à la fois le cadre naturel et la faune et la flore. »

Les couleuvres face à Indiana Jones

Les couleuvres de Narcisse sont connues dans le monde entier. Bon nombre de spécialistes sont venus voir le lieu pour leurs recherches sur les serpents. Même Steven Spielberg a eu vent des couleuvres à raies rouges. Lors du tournage du premier film d’Indiana Jones, Les Aventuriers de l'arche perdue (1981), le réalisateur américain a fait transporter les couleuvres de Narcisse jusqu’au lieu du tournage d’une scène où le célèbre archéologue est aux prises avec des dangereux serpents.

Une scène qui n'est pas forcément réaliste, compte tenu du réel caractère des couleuvres à raies rouges, comme le souligne Lise Gaboury-Diallo : « Ce sont en réalité des animaux complètement inoffensifs, ce que le film ne met pas forcément en valeur. Vous savez, la première fois où je suis allée voir les rituels d’accouplement, je n’étais pas forcément à l’aise avec les serpents. Mais une fois que l’on prend l’habitude, on se rend compte que ces animaux sont uniques et vraiment timides. Les fosses des couleuvres de Narcisse sont vraiment des attractions à ne pas manquer. Des guides sont disponibles sur place pour vous faire visiter les tanières et vous allez même admirer la belle statue du village. »

Un désert au Manitoba

Lise Gaboury-Diallo a pris l’habitude de visiter un autre endroit durant l’été manitobain. À deux heures de voiture à l’Ouest de Winnipeg, le parc provincial de Spruce Woods vous réserve la surprise de visiter le seul désert de la Province : « Avec notre famille, nous avons pris l’habitude d’aller camper dans cet endroit unique, au milieu de ces dunes de sable, raconte Lise Gaboury-Diallo. Nous avons vraiment l’impression d’être dans un vrai désert, comme ceux que l’on peut trouver en Afrique et au Moyen-Orient. Le sable est très fin et la végétation est variée, tout en étant remplie d’insectes rares et colorés. »

« Contrairement à ce que l’on peut penser, les déserts ne sont pas tous stériles et morts. Il y a un grand écosystème qui vit et qui très intéressant à observer durant l’été. C’est une destination assez mal connue des gens, donc j’encourage vraiment à aller découvrir ce désert. À partir de septembre, la végétation et les arbres sauvages commencent à recouvrir le sable. Spruce Woods est un parc provincial, donc il y a une grande variété d’activités à faire. Cela s’adresse à la fois aux solitaires et aux familles. »