Au cœur des Prairies, le Musée canadien pour les droits de la personne porte le flambeau de l’espoir

Publié le 05 décembre 2017 | Auteur Robert Nicolas

Située au confluent des rivières Assiniboine et Rouge, La Fourche est un lieu historique de rencontre et d’échange depuis 6000 ans. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si c’est également le site d’un édifice tout à fait unique qui a transformé la ligne d’horizon de Winnipeg en 2014.

Le Musée canadien pour les droits de la personne est un endroit qui nous rassemble autour d’une idée, de l’exploration du concept des droits de la personne, afin de mieux comprendre les injustices qui ont vu le jour au cours des temps. Faire l’expérience de ce musée bilingue, c’est de cultiver l’espoir malgré les évènements tragiques du passé.

D’abord l’architecture

Le Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP) est un incontournable du panorama urbain de Winnipeg. Conçu par l’architecte américain Antoine Predock, il est réalisé à l’image des paysages canadiens : une montagne en calcaire, des nuages en vitre évoquant les ailes d’une colombe qui se joignent, des herbes de prairies, de la neige et de la glace. Cet édifice impressionnant repose sur quatre racines en pierre massive renouant le lien entre la terre et l’être humain.

L’intérieur est tout aussi remarquable. Des rampes illuminées revêtues d’albâtre d’Espagne traversent l’ensemble des galeries du Musée. Ces voies lumineuses nous guident de l’obscurité à la lumière abondante de la Tour de l’espoir. L’escalier en spirale mène ensuite à la plateforme d’observation qui donne sur une vue de Winnipeg à couper le souffle. En cours de route se trouve le Jardin de contemplation, une aire de repos sous le nuage vitré. Construit de colonnes de basaltes, de bassins d’eau et de verdure, c’est un endroit idéal pour réfléchir et dialoguer.

Des récits qui éclairent

Que veut dire l’expression « les droits de la personne »? Voilà la première question sur laquelle nous sommes invités à réfléchir. La réponse n’est peut-être pas évidente dans un premier temps, mais l’endroit est idéal pour se pencher sur ce thème. En faisant mieux connaissance avec les ténèbres du passé et les injustices actuelles, nous pouvons mieux comprendre les enjeux qui les ont motivés et c’est cette conscientisation qui nous permet d’entamer une réflexion sur l’avenir des droits de la personne.

C’est d’ailleurs grâce à une collection d’histoires que nous sommes appelés à découvrir le contenu du Musée. Une place importante est accordée à de nombreux récits canadiens et internationaux qui composent la trame des thèmes des droits de la personne. Ces histoires sont bien en évidence dans la première galerie où nous pouvons observer, grâce à une chronologique de panneaux et de photographies qui illustrent une sélection de 100 moments déterminants d’injustice et de progrès dans l’histoire de l’humanité et de ses droits. Dans la galerie Les parcours canadiens nous retrouvons des récits de violations et de moments déterminants grâce à des expositions sur la grève générale de Winnipeg en 1919, Nellie McClung et le droit de vote des femmes, la lutte de Viola Desmond contre la ségrégation raciale ainsi que REDress qui vise à créer un dialogue autour de la violence contre les femmes autochtones, parmi plusieurs autres thèmes.

Parcous canad

Au niveau international, Examiner l’Holocauste nous permet de comprendre les éléments précurseurs d’un génocide avec l’espoir d’en éviter la répétition et Briser le silence nous rappelle l’importance de dénoncer les atrocités généralisées. Chacune des douze galeries offre un regard sur une diversité de sujets qui méritent tous une exploration approfondie.

Des œuvres qui nous parlent

On retrouve également plusieurs œuvres d’art et des installations à voir au MCDP. Elles sont uniques, impressionnantes, chargées de portée symbolique tout en racontant des histoires à partir de différentes perspectives. Entre autres, la couverture d’argile Trace, de l’artiste canadienne Rebecca Belmore, honore les premiers habitants du lieu. D’une taille de 9 mètres, elle est composée de 14 000 pièces d’argile récupérées du sol sur lequel repose le Musée. Chacune a été pressée par les mains de personnes issues de plusieurs générations. Aussi, vous verrez sans doute le Cercle d’art – Place des ancêtres de l’artiste autochtone David Gordon Thomas. Créée sur une membrane tendue sur un tambour avec de la terre et du foin d’odeur, elle a été réalisée au son du battement de tambour avant d’être fixée définitivement.

Cercle dart

Parfois nos consommations quotidiennes de produits ont aussi des répercussions sur les droits de la personne. L’installation composée d’objets de la vie quotidienne nous informe sur les impacts positifs et négatifs de certains achats… Une occasion de réfléchir à nos habitudes et peut-être même de les changer de façon significative.

Objets quotid

À la fine pointe de la technologie

Le MCDP marie à merveille la tradition et l’innovation par l’entremise de la technologie et de l’interactivité. Si les récits sont la source primaire d’information, c’est la manière de les raconter qui crée une expérience unique. Les histoires sont présentées sous forme de projections multimédia, de films, d’installations numériques, d’écrans tactiles, de pistes audio, etc. De plus, une visite autoguidée du Musée est accessible via le téléchargement gratuit d’une application mobile : https://droitsdelapersonne.ca/visit/visites/application-mobile. Faites l’expérience et visionnez un film sur un écran de 360 degrés à l’intérieur du théâtre circulaire. Dans ce court métrage, quatre voix narratives de différentes générations racontent des histoires au sujet des droits d’une perspective autochtone. Ou encore, découvrez les efforts qui ont pu mener à la Déclaration universelle des droits de l’homme dans la galerie Les tournants de l’humanité à l’aide de grands livres numériques actionnés par votre corps.

The atre 360 degre

L’exploration du concept des droits de la personne peut paraître complexe à prime abord, tout comme il peut être difficile de prendre connaissance des injustices et des atrocités commises, mais tout s’éclaircit au Musée canadien pour les droits de la personne. De l’architecture aux œuvres et aux installations, des récits à leur l’interprétation, tous les éléments ont été soigneusement considérés et rassemblés de sorte que vous puissiez vivre une expérience concrète et extraordinaire. C’est un lieu qui encourage la réflexion, le dialogue et qui inspire à vouloir faire une différence. Un Musée qui nous invite à songer à l’avenir, à l’écriture des récits à venir, sans oublier que chaque mot compte, chaque geste aussi.

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