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40 ans après, Paulette Duguay n’oublie pas Churchill
Publié le
11 janvier 2023
Native de Saint-Boniface, Paulette Duguay, aujourd’hui présidente de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, a découvert la beauté froide de Churchill, la capitale des ours polaires, à l’âge de 15 ans.
C’était au début des années 1970. Un voyage de plusieurs jours en train pour rejoindre pour la première fois une ville qui va la marquer durant toute sa vie.
« Ma grande sœur et son mari habitaient à Churchill, où ils étaient médecins. J’ai fait ce voyage de trois jours avec une autre de mes sœurs pour leur rendre visite. Il faut s’imaginer deux adolescentes en liberté, partant à l’aventure! (rires) »
Pour sa première expérience dans cette ville située à l’extrême nord du Manitoba, Paulette Duguay y reste deux mois et trouve un emploi dans une pharmacie. Elle y rencontre des marins qui servaient sur des bateaux internationaux.
« À l’époque, Churchill était un grand port avec une grande circulation internationale. On pouvait visiter des bateaux venus de tous les pays du monde. Je me souviens de comment les marins originaires de pays francophones étaient contents lorsqu’ils découvraient que je parlais français. Il y avait beaucoup d’échanges et de belles rencontres. »
Photo by Wander the Map
Churchill, une ville à la nature majestueuse
Photo by Wander the Map
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Habitant dans la maison de sa grande sœur et de son mari, Paulette Duguay profite de ses deux mois d’été pour découvrir les aspects uniques de la capitale de l’ours polaire.
« Avant de parler de la beauté de Churchill, je préfère mettre en garde les gens : non, ce n’est pas Las Vegas (rires). C’est une ville qui vaut le coup d’œil pour sa nature. C’est un lieu unique au monde qui est peuplé d’endroits magiques à aller visiter. »
La Métisse et Franco-Manitobaine conseille tout d’abord l’incontournable Fort Prince-de-Galles, dont la construction a été finalisée en 1771. Situé au nord de l’embouchure de la rivière Churchill sur la Baie d’Hudson, le fort n’est accessible en été qu’en bateau.
« C’était un ancien poste de traite des fourrures et aujourd’hui, c’est un lieu historique national du Canada. Le fort est un magnifique lieu à visiter. Nous pouvons laisser libre cours à notre imagination sur comment ces gens ont pu survivre dans ce lieu il y a plus de 250 ans. C’est majestueux! »
À l’intérieur de la ville, Paulette Duguay conseille aux gens de visiter l’épave d’avion Miss Piggy, un avion-cargo qui s’est écrasé en 1979 sans faire de victimes. Pour découvrir l’art de Churchill, le musée Itsanitaq est un incontournable, notamment pour ses sculptures et ses œuvres d’art mettant en valeur les artistes locaux.
Mais selon la femme métisse, la ville est à elle seule une galerie d’art, surtout l’hiver. En effet, de retour à Churchill à plusieurs reprises depuis ses 15 ans, elle a connu la ville en toute saison. « En hiver, le vent venant de la mer sculpte des bancs de neige magnifiques, de plus de huit pieds de haut. C’est presque irréel! Churchill est une galerie d’art à ciel ouvert. En hiver, la ville propose une expérience hors du commun. Les aurores boréales sont magnifiques, avec une couleur verte et vive comme un néon. C’est majestueux, affirme-t-elle.
« La variété de la faune et de la flore sauvage est très grande. Que ce soient les fleurs, les plantes ou la toundra sauvage remplie d’animaux emblématiques! C’est un territoire vaste qui donne l’impression d’être vide, mais il y a toujours une source de vie qui apparaît : des oiseaux aux couleurs magnifiques, des renards, des hiboux, et même des bélugas dans la Baie d'Hudson. C’est vraiment fou! »
Pour la présidente de l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, Churchill est vraiment « un dépaysement total. Un voyage sauvage pour les amoureux de la nature ».
Des habitants relax…
Tous les voyages au nord du Canada renvoient une impression de tranquillité, où les habitants sont paisibles et ne font qu’un avec la nature intimidante. Churchill ne déroge pas à la règle. Pour Paulette Duguay, les gens y adoptent un style de vie bien différent des grandes villes du sud.
« Les habitants sont beaucoup plus relax. La pression est moindre, tout comme le stress. L’humilité des paysages influence l’attitude des gens. C’est une vie simple. Il y a un peu de pauvreté, mais les habitants de Churchill pratiquent une grande humanité. La solidarité est présente à tout instant.
« C’est le Grand Nord, alors les gens ont pris l’habitude de s’entraider. Les conditions météorologiques sont beaucoup plus extrêmes et imprévisibles qu’à Winnipeg par exemple, notamment avec le vent et les tempêtes de neige. »
La ville comptait environ 900 habitants en 2021. Et comme sa nature, Churchill est peuplée de personnes aux horizons différents.
« À l’origine, il y a plus de 1 000 ans, la ville a été habitée par les Inuits. Le peuple de la Première nation Dénée est ensuite arrivé dans les années 1500, tout comme les Tchipewyans et les Cris. Aujourd’hui, Churchill est l’héritage de cette grande histoire du Canada. Les gens y sont très accueillants, souligne Paulette Duguay.
« Churchill attire également des personnes du monde entier. Je me souviens avoir rencontré beaucoup d’Européens, des Néo-Zélandais, des Australiens. C’est une ville qui attire des gens qui veulent vivre la grande aventure et goûter à cette magnifique vie du Grand Nord. »
… et des ours polaires, emblèmes de la ville
Capitale mondiale de l’ours polaire, Churchill a pour habitude d’accueillir plus de 800 de ces animaux chaque année à partir d’octobre. Une cohabitation donnant lieu à de drôles de situations, dans une ville qui compte presque autant d’habitants que d’ours polaires!
« Je me rappelle d’un automne où la radio a annoncé un matin que les écoles seraient fermées. La raison? Les ours étaient arrivés dans la ville, et on conseillait aux gens de rester chez eux et de rentrer les chiens car les ours avaient faim », raconte Paulette Duguay.
À Churchill, les ours ont l’habitude de traverser la ville, obligeant les habitants à avoir plus conscience de leur environnement quand ils quittent leur maison. « Voir des ours traverser nos rues, passer devant nos fenêtres, c’est vraiment une ambiance de western enneigé! (rires) Mais cela demande de l’attention. Il faut être vigilant. »
La Saint-Bonifacienne en sait quelque chose : « Je suis partie un matin pour observer le magnifique lever de soleil de Churchill. Je suis partie et personne ne savait que j’allais sur les grands rochers au bord de la Baie d’Hudson. C’était un magnifique endroit pour observer la banquise l’hiver.
« J’étais assise à contempler le soleil, dans un moment de grâce, quand tout à coup, je me suis aperçue que quelque chose bougeait dans la vision périphérique de mon œil. À seulement cinq mètres de moi, un ours était là et je ne m’en étais même pas rendue compte! », se souvient Paulette Duguay.
Quand un ours se trouve à votre proximité, les bons réflexes sont de ne pas le faire paniquer. Il faut rester calme et essayer de partir en reculant, le plus calmement possible. Il ne faut pas le regarder dans les yeux et éviter de faire des mouvements brusques. Mais chaque rencontre est unique. Si un ours commence à s’agiter, il est conseillé d’avoir en sa possession une bombe de gaz poivré, que vous pouvez utiliser en direction de ses yeux pour le repousser.
Paulette Duguay a essayé de rester calme lors de sa rencontre avec cet ours, avant de se mettre à courir, ce qui est fortement déconseillé car un ours polaire court beaucoup plus vite qu’un être humain, à plus de 50 km/h.
« Je me sens chanceuse, car j’ai fait un geste idiot qui aurait pu m’être fatal. Mais lors d’une rencontre inattendue comme celle-ci, même si vous connaissez les bons gestes à adopter, votre instinct vous pousse quelquefois à réagir d’une manière peu sécuritaire. Par chance, l’ours ne m’a pas suivie et je suis rentrée chez moi le cœur battant! C’est peut-être étrange, mais même après avoir vécu cette expérience, je trouve les ours très plaisants (rires). Il ne faut juste pas les provoquer. »
Un futur voyage pour redécouvrir la ville?
Depuis son voyage inaugural à Churchill, Paulette Duguay y est retournée quatre fois dans sa jeunesse. Mais aujourd’hui, cela fait plus de 40 ans qu’elle n’a pas visité la ville de ses souvenirs d’adolescente, et elle rêve d’y retourner.
« Churchill a une place particulière dans mon cœur. Je m’y suis fait de bons amis et ces liens ont duré très longtemps. Chaque saison est unique et apporte sa magie. C’est une ville que l’on ne peut pas oublier, et j’ai l’intention d’y retourner avec mon mari qui n’y est jamais allé. »
Accessible seulement par train ou par avion, Churchill est cependant une ville aux conditions d’accès assez coûteuses. « C’est une ville isolée, donc c’est un voyage à bien préparer à l’avance. Mais c’est une magnifique aventure et j’ai très hâte de revoir cette nature incroyable! Bien sûr que cela a dû changer en 40 ans, mais j’aime à penser que la ville a gardé le même charme que dans mes souvenirs, un trésor naturel habité par des gens accueillants et chaleureux. »